A la maison, il n'y avait pas la télévision. Nous écoutions la radio, et des disques. Musique classique et chanson française, Brel, Ferrat, Ferré, Montand, Bobby Lapointe, Gilles Vigneau, Félix Leclerc, Boris Vian. Et Raymond Devos, il est musicien aussi.
Nous avions un piano droit, un vieux Pleyel bien désaccordé, touches jaunies. C'est Grand Papa qui m'a initié, jouer la gamme de do sur ses genoux. Alors je m'y suis mis, solfège à cinq ans et piano à six ans. Ma première professeur était parfaite pour débuter, mais elle est vite devenu acariâtre, il y avait du divorce dans l'air. J'en ai changé au bout de quatre ou cinq ans pour aller chez Maurice Bardin, dans sa tour de l'échauguette près de la cathédrale. Il avait été pianiste et chef d'orchestre sur le paquebot "France", et se souvenait d'avoir jouer "My melancholy baby" pour Ernest Hemingway. Avec lui j'ai quitté un peu le classique pour des premières partitions de Jazz.
Je jouais bien , j'étais assidu, j'enregistrais une fois par an une cassette audio pour Grand Papa.
L'un des premiers grands souvenirs de musique, c'était un jour de fièvre qui me fit manquer l'école. Je suis à la maison, allongé dans le lit du bureau de Maman, elle corrige ses copies, on écoute France Inter, et là passe une musique chaude qui fait écho à ma sueur, à mes rêves enfiévrés et m'embarque dans un tourbillon jubilatoire. Des années plus tard, découvrant Claude Nougaro, je m'aperçus que c'était lui, "Ah tu verras tu verras"...
Nous avions un piano droit, un vieux Pleyel bien désaccordé, touches jaunies. C'est Grand Papa qui m'a initié, jouer la gamme de do sur ses genoux. Alors je m'y suis mis, solfège à cinq ans et piano à six ans. Ma première professeur était parfaite pour débuter, mais elle est vite devenu acariâtre, il y avait du divorce dans l'air. J'en ai changé au bout de quatre ou cinq ans pour aller chez Maurice Bardin, dans sa tour de l'échauguette près de la cathédrale. Il avait été pianiste et chef d'orchestre sur le paquebot "France", et se souvenait d'avoir jouer "My melancholy baby" pour Ernest Hemingway. Avec lui j'ai quitté un peu le classique pour des premières partitions de Jazz.
Je jouais bien , j'étais assidu, j'enregistrais une fois par an une cassette audio pour Grand Papa.
L'un des premiers grands souvenirs de musique, c'était un jour de fièvre qui me fit manquer l'école. Je suis à la maison, allongé dans le lit du bureau de Maman, elle corrige ses copies, on écoute France Inter, et là passe une musique chaude qui fait écho à ma sueur, à mes rêves enfiévrés et m'embarque dans un tourbillon jubilatoire. Des années plus tard, découvrant Claude Nougaro, je m'aperçus que c'était lui, "Ah tu verras tu verras"...
Juin 1980. Pile huit ans. Concert de l'école de musique avec les doigts de ma professeur, Madame Brisset.
Là c'était pour les 70 ans de ma mère, avec Roland, un sacré soufflant, bien New Orleans, avec le gros son pour se faire entendre de l'autre côté du Mississipi :
Je joue toujours sur le Gaveau 1936 offert par mon père. Il déménage avec moi, à grands frais. Mais il est extraordinaire... Il m'avait promis ce cadeau pour le premier Chopin que je jouerai. Je m'y suis employé, et il m'emmena à Paris vers Bastille pour choisir l'instrument. Ce piano avait servi dans un conservatoire ou une école de danse. Il était très abîmé, il s'était pris des gravats sur la tronche, et nous l'avons acheté entièrement restauré. Ce devait être en 84 ou 85. Il était très vert, un son très métallique. Depuis il a pris de la patine, ses graves sont merveilleux, enfin les medium basses parce que tout au fond il n'a plus de souffle. Le medium aigüe est très chantant, et l'aigüe cristallin. Je suis presque handicapé sur un autre que lui.
Aujourd'hui je joue une fois par semaine avec Jean-Luc à la contrebasse, et Loïc nous a rejoint il y a quelques mois à la batterie. Le batteur le plus doux de l'histoire de la batterie. Ca n'a pas empêché la voisine de venir se plaindre la dernière fois, sans doute le boum boum de la grosse caisse. De temps en temps nous avons un invité, c'est le Trio à quatre, il y a eu Philippe et Jeff aux saxophones, Philippe; Laurent et Bruno à la guitare. Le batteur tourne souvent, après Loïc il y a eu Eric, et là le nouveau venu c'est Jean-Claude, plus de quarante années de batterie à son actif. Nous travaillons une douzaine de morceaux, en essayant (surtout moi) de me les rentrer dans le crâne, la structure harmonique, en me détachant de cette satanée partition. De mon cursus de solfège au Conservatoire, je n'ai gardé qu'une très bonne lecture. De mes professeurs de piano, un joli toucher, mais ce sempiternel défaut de lecture, et cet autre commun à tous les pianistes : trop de doigts, trop de notes, trop bavard. Tais-toi !
Blue Bossa, Autumn Leaves, The Girl from Ipanema, Sunny, On the Sunny Side of the Street, Fly me to the Moon, Softly as in a Morning Sunrise...
Blue Bossa, Autumn Leaves, The Girl from Ipanema, Sunny, On the Sunny Side of the Street, Fly me to the Moon, Softly as in a Morning Sunrise...
Blue Bossa, samedi 9 janvier 2016.
Il faudra que je vous raconte mes rencontres marquantes. Les plus marquantes c'est : en un Dizzy, en deux Johnny Griffin, en trois Art Blakey, en quatre Riccardo Del Fra, et ensuite Patrice Peyrieras, François Moutin, Roger Guérin, Alain Vankenhove, Michel Petrucciani, et Chris Jarrett, le frère de Keith, rencontré au bout d'une nuit jouant d'un piano droit au fond d'un bar bondé sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon. Et Tony Rabeson, une amitié fugace, l'occasion de voir de près la folie qui parfois torture les plus doués...
Dizzy en un, normal, c'est la plus belle. La plus importante, profonde, éternelle, je me pince encore aujourd'hui quand je la raconte.
Je l'ai d'abord rencontré la première fois à douze ans (1984 ?) à la Maison de la Culture de Nevers.
Dizzy en un, normal, c'est la plus belle. La plus importante, profonde, éternelle, je me pince encore aujourd'hui quand je la raconte.
Je l'ai d'abord rencontré la première fois à douze ans (1984 ?) à la Maison de la Culture de Nevers.
Il arrive avec deux heures de retard, la salle s'est vidée, les spectateurs patients l'accueillent en lui jetant des pièces (!!!) quand ils le voient soutenu par deux musiciens. On a tous cru qu'il était bourré. Il nous a dit qu'il n'avait jamais été accueilli aussi mal de sa vie, et demandant à un de ses musiciens :
"What is the name of this fucking town ?"
Réponse timide, gênée : "Nevers".
Dizzy, sourire en coin, surpris, dépité, fatigué :
"I will never come back in this fucking town of NEVER."
Vlan. Plié. Et là-dessus, concert énorme, énergie magnifique, jeunes musiciens surdoués qui envoient de partout, le soliste qui s'avance humblement pour prendre la parole, le solo, et qui se retire tout aussi simplement dans la pénombre, rejoindre ceux qui viennent de l'écouter et de soutenir de tous leurs nerfs. Le choc esthétique, humain, pour le petit pianiste de douze ans, la certitude fulgurante d'avoir trouvé ma musique, et d'avoir trouvé mon guide. C'est de lui que tout est parti, j'ai acheté ses disques, j'ai disséqué leurs pochettes, acheté les disques des musiciens jouant avec lui...
Ensuite je l'ai revu en concert plusieurs fois à Paris, au New Morning, sous l'Arche de la défense. Puis la dernière fois, back to Nevers, la rencontre, j'ai poussé la porte de sa loge.
C'était en 1991, et Miles venait de mourir. J'adorais Miles le musicien, mais le bonhomme me débecquetait. Un couard à mes yeux, ou un cuistre, génial, brillant mais con, en comparaison de Dizzy qui était un sage. Et là, observant comme chaque année le programme du festival D'Jazz de Nevers, je vois que Dizzy fait la clôture du samedi soir... L'hallu ! Il avait pourtant promis ! Il avait sans doute oublié cette sombre anecdote, en tout cas je l'espère encore aujourd'hui, mais il ne serait pas revenu s'il s'en était souvenu.
Je me suis alors fait la promesse de le rencontrer à cette occasion. J'avais déjà tenté de l'approcher, j'étais même descendu dans sa loge à la cave du New Morning, j'avais acheté aux puces un béret comme il en portait en 1945, je voulais lui offrir, je m'étais retrouvé face à lui, il m'avait regardé du style : "As-tu quelque chose à me demander ?", et je n'avais pas osé, j'avais tourné les talons.
Donc là, si je ne voulais pas le voir partir avant de lui avoir parlé, c'était la dernière occasion, et rêvée en plus, parce que je connaissais un peu le directeur du festival, et je lui avait demandé l'autorisation d'aller en coulisse pour tenter ma chance. J'ai préparé mon texte en anglais pendant des semaines, dans ma piaule d'étudiant à Grenoble, je l'ai mémorisé pour ne pas hésiter, je me le répétais tous les soirs avant de dormir. Ce samedi soir après le concert, donc tard vers minuit, je suis descendu dans les loges de la Maison de la Culture, Roger Fontanel m'a laissé accéder jusque devant la porte de la loge, je crois qu'il y avait écrit "Dizzy Gillespie", je le sais en fait, puisque mon grand Fabrice était là, derrière moi, et qu'il a pris cette photo, juste avant que la porte ne se referme.
"What is the name of this fucking town ?"
Réponse timide, gênée : "Nevers".
Dizzy, sourire en coin, surpris, dépité, fatigué :
"I will never come back in this fucking town of NEVER."
Vlan. Plié. Et là-dessus, concert énorme, énergie magnifique, jeunes musiciens surdoués qui envoient de partout, le soliste qui s'avance humblement pour prendre la parole, le solo, et qui se retire tout aussi simplement dans la pénombre, rejoindre ceux qui viennent de l'écouter et de soutenir de tous leurs nerfs. Le choc esthétique, humain, pour le petit pianiste de douze ans, la certitude fulgurante d'avoir trouvé ma musique, et d'avoir trouvé mon guide. C'est de lui que tout est parti, j'ai acheté ses disques, j'ai disséqué leurs pochettes, acheté les disques des musiciens jouant avec lui...
Ensuite je l'ai revu en concert plusieurs fois à Paris, au New Morning, sous l'Arche de la défense. Puis la dernière fois, back to Nevers, la rencontre, j'ai poussé la porte de sa loge.
C'était en 1991, et Miles venait de mourir. J'adorais Miles le musicien, mais le bonhomme me débecquetait. Un couard à mes yeux, ou un cuistre, génial, brillant mais con, en comparaison de Dizzy qui était un sage. Et là, observant comme chaque année le programme du festival D'Jazz de Nevers, je vois que Dizzy fait la clôture du samedi soir... L'hallu ! Il avait pourtant promis ! Il avait sans doute oublié cette sombre anecdote, en tout cas je l'espère encore aujourd'hui, mais il ne serait pas revenu s'il s'en était souvenu.
Je me suis alors fait la promesse de le rencontrer à cette occasion. J'avais déjà tenté de l'approcher, j'étais même descendu dans sa loge à la cave du New Morning, j'avais acheté aux puces un béret comme il en portait en 1945, je voulais lui offrir, je m'étais retrouvé face à lui, il m'avait regardé du style : "As-tu quelque chose à me demander ?", et je n'avais pas osé, j'avais tourné les talons.
Donc là, si je ne voulais pas le voir partir avant de lui avoir parlé, c'était la dernière occasion, et rêvée en plus, parce que je connaissais un peu le directeur du festival, et je lui avait demandé l'autorisation d'aller en coulisse pour tenter ma chance. J'ai préparé mon texte en anglais pendant des semaines, dans ma piaule d'étudiant à Grenoble, je l'ai mémorisé pour ne pas hésiter, je me le répétais tous les soirs avant de dormir. Ce samedi soir après le concert, donc tard vers minuit, je suis descendu dans les loges de la Maison de la Culture, Roger Fontanel m'a laissé accéder jusque devant la porte de la loge, je crois qu'il y avait écrit "Dizzy Gillespie", je le sais en fait, puisque mon grand Fabrice était là, derrière moi, et qu'il a pris cette photo, juste avant que la porte ne se referme.
J'ai tapé à la porte. Dizzy avait un majordome anglais, un vrai, blanc, vieux, en queue de pie et plastron. Ce Monsieur British à l'air très pincé a entrouvert la porte, m'a toisé de sa haute taille, et là je me suis dit "Putain c'est pas gagné..." Alors j'ai déballé mon texte, enfin son introduction d'abord, c'était du style :
"I don't want to disturb Mister Gillespie at all, but I really would like to tell him how much he is important in my life since I was 12".
L'entre-ouverture s'agrandit un peu sur un geste de Dizzy, je pus commencer à lui parler les yeux dans les yeux. Je continuai dans l'entrebâillement, et je vis un léger sourire lever un côté de son visage, et d'un coup il dit au majordome de me laisser entrer !
Entrage, donc, fermeture de la porte dans mon dos. Je me suis agenouillé à ses pieds, il était calé au fond d'un vieux fauteuil club bien défoncé, je me souviens que je l'avais trouvé comme ratatiné au fond, nous étions après le concert, deux heures debout pour Dizzy qui avait alors 74 ans.
Je ne me souviens plus des mots que j'ai dit ensuite. Son sourire s'était agrandi jusqu'à illuminer tout son visage, comme sur de multiples clichés de lui, et mon cerveau s'est rallumé pour me dire de ne surtout pas rester l'instant, la seconde de trop. Je lui tendis le programme avec sa photo en noir et blanc, pour qu'il me la dédicace, il m'a demandé mon nom. J'ai répété plusieurs fois, il disait "Jimmy", "Jerry", "Terry", alors il m'a dit "Write it !" Je lui ai écrit en grosses lettres majuscules THIERRY, il a lu et il a dit "Ah ! Djily !". Putain je l'ai perdu ce programme...
A ce moment là je me suis relevé doucement, je ne sais plus si je lui ai serré la main, si on s'est touché, je me suis détaché en marchant en arrière, en lui disant : "Thank you Dizzy". Il me répond "Thank You Djily", et arrivant à la porte, que je passe en reculant, je lui lance : "I love you Dizzy", et il éclate de rire...
Putain j'en frissonne à chaque fois. Depuis je sais qu'il ne faut jamais hésiter quand on sent qu'on a un minimum à dire, qu'il faut oser. Et je sais aussi que les plus grands restent toujours sensibles aux témoignages sincères. C'est même l'une des traces les plus sûres pour savoir si on est face à un grand.
"I don't want to disturb Mister Gillespie at all, but I really would like to tell him how much he is important in my life since I was 12".
L'entre-ouverture s'agrandit un peu sur un geste de Dizzy, je pus commencer à lui parler les yeux dans les yeux. Je continuai dans l'entrebâillement, et je vis un léger sourire lever un côté de son visage, et d'un coup il dit au majordome de me laisser entrer !
Entrage, donc, fermeture de la porte dans mon dos. Je me suis agenouillé à ses pieds, il était calé au fond d'un vieux fauteuil club bien défoncé, je me souviens que je l'avais trouvé comme ratatiné au fond, nous étions après le concert, deux heures debout pour Dizzy qui avait alors 74 ans.
Je ne me souviens plus des mots que j'ai dit ensuite. Son sourire s'était agrandi jusqu'à illuminer tout son visage, comme sur de multiples clichés de lui, et mon cerveau s'est rallumé pour me dire de ne surtout pas rester l'instant, la seconde de trop. Je lui tendis le programme avec sa photo en noir et blanc, pour qu'il me la dédicace, il m'a demandé mon nom. J'ai répété plusieurs fois, il disait "Jimmy", "Jerry", "Terry", alors il m'a dit "Write it !" Je lui ai écrit en grosses lettres majuscules THIERRY, il a lu et il a dit "Ah ! Djily !". Putain je l'ai perdu ce programme...
A ce moment là je me suis relevé doucement, je ne sais plus si je lui ai serré la main, si on s'est touché, je me suis détaché en marchant en arrière, en lui disant : "Thank you Dizzy". Il me répond "Thank You Djily", et arrivant à la porte, que je passe en reculant, je lui lance : "I love you Dizzy", et il éclate de rire...
Putain j'en frissonne à chaque fois. Depuis je sais qu'il ne faut jamais hésiter quand on sent qu'on a un minimum à dire, qu'il faut oser. Et je sais aussi que les plus grands restent toujours sensibles aux témoignages sincères. C'est même l'une des traces les plus sûres pour savoir si on est face à un grand.
Dizzy est mort deux ans plus tard, en 1993. Le jour de sa mort tous mes amis, à Grenoble et ailleurs, m'ont adressé leurs condoléances.
Roger Fontanel me livra la clé de l'anecdote de 1984. Son avion avait atterri avec du retard à Paris, il avait directement sauté dans le minibus qui devait l'emmener à Nevers, cela faisait près de 15 heures qu'il n'avait pas pu déplier ses vieilles cannes avant d'entrer sur scène...
Aujourd'hui il ne nous reste plus que Sonny Rollins. Je l'ai vu à Vienne le 8 juin 2011, et je l'ai filmé en louc'dé. Surpuissant. Il arrive claudiquant, cahin-caha, on voit bien que les hanches c'est plus ça, puis il se fixe devant le micro, et là... Il envoie, et pendant plus de deux heures, debout, trois rappels ! Incroyable... Le final qu'on entend là c'est "Don't stop the carnival", un morceau calypso, c'est sa signature à Sonny le calypso. Enfin en plus du GROS son énorme, évidemment, et de son souffle de buffle !
Roger Fontanel me livra la clé de l'anecdote de 1984. Son avion avait atterri avec du retard à Paris, il avait directement sauté dans le minibus qui devait l'emmener à Nevers, cela faisait près de 15 heures qu'il n'avait pas pu déplier ses vieilles cannes avant d'entrer sur scène...
Aujourd'hui il ne nous reste plus que Sonny Rollins. Je l'ai vu à Vienne le 8 juin 2011, et je l'ai filmé en louc'dé. Surpuissant. Il arrive claudiquant, cahin-caha, on voit bien que les hanches c'est plus ça, puis il se fixe devant le micro, et là... Il envoie, et pendant plus de deux heures, debout, trois rappels ! Incroyable... Le final qu'on entend là c'est "Don't stop the carnival", un morceau calypso, c'est sa signature à Sonny le calypso. Enfin en plus du GROS son énorme, évidemment, et de son souffle de buffle !
J'avais adoré ce qu'en avait écrit Francis Marmande, un critique musical du Monde que je suis depuis très longtemps, et qui avait lui aussi assisté à ce concert de ouf, "Assez d'énergie pour cent ans d'espoir", magnifique, et parfaitement, absolument VRAI :
- « Huit mille personnes debout. Le théâtre antique de Vienne en fusion. Huit mille personnes dressées, revigorées, éblouies dans la nuit, au bout de trois heures de concert : trois heures de harangue, de rythmes caribéens, afro-américains, parlés. Du jazz ? rien que du jazz et bien au-delà. A bientôt 76 ans, Sonny Rollins, compositeur, musicien historique, a choisi la voie étroite qui lui ouvre l'espace. Uppercuts du pavillon, souffle continu, son de cathédrale. Le saxophoniste historique a donné pour l'ouverture du 26e Jazz à Vienne un concert mémorable. C'était l'unique occasion de le voir en France durant l'été. Ah oui : le thème par lequel Rollins vient de marquer Vienne, c'est « Don't stop the carnival ! » , calypso fondamental traité avec la science la plus débridée : feu d'artifice, catastrophe apprivoisée, l'oeil du volcan. Assez d'énergie pour communiquer cent ans d'espoir. Visage à barbe blanche de sage assyrien, bec métal en bouche, blouse de soie noire et pantalon rouge, né à Harlem en 1930, 133e Rue, pavée de clubs, Sonny Rollins sort haché de sa fantastique et prodigieuse épreuve. Après avoir donné quoi ? Une tempête de joie, leçon de dépense pure, la synthèse en trois heures de l'histoire du jazz et de celle de l'univers. »
Francis Marmande, Le Monde 30 juin 2006.
- « Huit mille personnes debout. Le théâtre antique de Vienne en fusion. Huit mille personnes dressées, revigorées, éblouies dans la nuit, au bout de trois heures de concert : trois heures de harangue, de rythmes caribéens, afro-américains, parlés. Du jazz ? rien que du jazz et bien au-delà. A bientôt 76 ans, Sonny Rollins, compositeur, musicien historique, a choisi la voie étroite qui lui ouvre l'espace. Uppercuts du pavillon, souffle continu, son de cathédrale. Le saxophoniste historique a donné pour l'ouverture du 26e Jazz à Vienne un concert mémorable. C'était l'unique occasion de le voir en France durant l'été. Ah oui : le thème par lequel Rollins vient de marquer Vienne, c'est « Don't stop the carnival ! » , calypso fondamental traité avec la science la plus débridée : feu d'artifice, catastrophe apprivoisée, l'oeil du volcan. Assez d'énergie pour communiquer cent ans d'espoir. Visage à barbe blanche de sage assyrien, bec métal en bouche, blouse de soie noire et pantalon rouge, né à Harlem en 1930, 133e Rue, pavée de clubs, Sonny Rollins sort haché de sa fantastique et prodigieuse épreuve. Après avoir donné quoi ? Une tempête de joie, leçon de dépense pure, la synthèse en trois heures de l'histoire du jazz et de celle de l'univers. »
Francis Marmande, Le Monde 30 juin 2006.
Le 28 mai 2009, à la lecture d'un nouvel article de Francis Marmande qui m'avait à nouveau beaucoup plu, je décidai de lui envoyer un mail, à son adresse au Monde, qui disait (et là je m'aperçois que j'ai presque utilisé les mêmes mots en 2009 et en 2016) :
"Cher Francis Marmande,
Je vous suis depuis mes quatorze ans... Deux ans déjà que j'étais tombé en amour, par hasard, au détour d'une maison de la culture qui accueillait Dizzy sous les sifflets. Retard d'avion, Paris, taxi, bouchon, arrivée Nevers deux heures en retard, l'air hagard, saoul pour tout dire, et les boeufs nivernais n'ont pas compris qu'il s'agissait d'arthrose et non d'éthanol. Moi, gamin, pianiste depuis mes 6 ans, j'ai pris une claque énorme, j'ai su que je ne m'en remettrai jamais. Je crois qu'il a d'autant plus tout donné que nous l'avions si mal accueilli. "I'll never come back in Nevers"...
Pourtant il est revenu, en 91, et là je suis allé lui parler. Un mois que je préparais mon laïus en anglais, par coeur, je savais que j'aurai peu de temps, j'ai dû forcer la porte retenue par un long english froid et sec, mais là au fond de son fauteuil club défoncé, Dizzy fatigué m'a fait signe d'entrer. Miles était mort il y a peu, et je ne voulais pas laisser partir Dizzy sans lui dire mon amour. "What's your name ?" - "Thierry" - "Ah, Djily!". En partant, j'avais pu tout lui dire sans trop user son temps, son visage n'avait fait que s'ouvrir tout au long de mes mots, je le quitte doucement, je marche à reculons vers la porte sans le quitter des yeux. "Thank you Djily" - "I love you Dizzy". Merci Monsieur Marmande de m'avoir donner le culot d'aller vers lui, de m'avoir permis de vivre ce moment. J'y pense toujours comme un rêve, je dois encore me pincer pour m'assurer l'avoir bien vécu. Je vous suis toujours, quelque soit votre sujet.
Merci,
Thierry"
Je fus immensément surpris et touché de recevoir sa réponse, courte et dense, le 2 juin 2009 :
"Merci pour tout ce que vous me dites et qui me touche profondément Francis Marmande".
A Jazz à Vienne, en 2005, j'ai vu le grand Oscar Peterson, et là encore, deux ans avant sa mort. Il faut peut-être que j'arrête d'aller voir les grands. Seul Sonny résiste.
"Cher Francis Marmande,
Je vous suis depuis mes quatorze ans... Deux ans déjà que j'étais tombé en amour, par hasard, au détour d'une maison de la culture qui accueillait Dizzy sous les sifflets. Retard d'avion, Paris, taxi, bouchon, arrivée Nevers deux heures en retard, l'air hagard, saoul pour tout dire, et les boeufs nivernais n'ont pas compris qu'il s'agissait d'arthrose et non d'éthanol. Moi, gamin, pianiste depuis mes 6 ans, j'ai pris une claque énorme, j'ai su que je ne m'en remettrai jamais. Je crois qu'il a d'autant plus tout donné que nous l'avions si mal accueilli. "I'll never come back in Nevers"...
Pourtant il est revenu, en 91, et là je suis allé lui parler. Un mois que je préparais mon laïus en anglais, par coeur, je savais que j'aurai peu de temps, j'ai dû forcer la porte retenue par un long english froid et sec, mais là au fond de son fauteuil club défoncé, Dizzy fatigué m'a fait signe d'entrer. Miles était mort il y a peu, et je ne voulais pas laisser partir Dizzy sans lui dire mon amour. "What's your name ?" - "Thierry" - "Ah, Djily!". En partant, j'avais pu tout lui dire sans trop user son temps, son visage n'avait fait que s'ouvrir tout au long de mes mots, je le quitte doucement, je marche à reculons vers la porte sans le quitter des yeux. "Thank you Djily" - "I love you Dizzy". Merci Monsieur Marmande de m'avoir donner le culot d'aller vers lui, de m'avoir permis de vivre ce moment. J'y pense toujours comme un rêve, je dois encore me pincer pour m'assurer l'avoir bien vécu. Je vous suis toujours, quelque soit votre sujet.
Merci,
Thierry"
Je fus immensément surpris et touché de recevoir sa réponse, courte et dense, le 2 juin 2009 :
"Merci pour tout ce que vous me dites et qui me touche profondément Francis Marmande".
A Jazz à Vienne, en 2005, j'ai vu le grand Oscar Peterson, et là encore, deux ans avant sa mort. Il faut peut-être que j'arrête d'aller voir les grands. Seul Sonny résiste.
Retour en arrière. A 12 ans je commence donc ma collecte de disques. Quand un musicien me plaît, je décortique les pochettes de ses albums, je retiens les noms de ceux qui l'accompagnent, j'achète leurs disques, j'achète des bouquins ("Le dictionnaire du Jazz"), je lis les biographies... Toutes ces connaissances s'accumulent dans mon cerveau frais qui enregistre sans férir. Je diffuse aussi autour de moi, d'abord auprès des autres musiciens. Mon sparing-partner de ces découvertes était Alain Vankenhove, devenu depuis grand trompettiste, dont je voyais la rapide progression dans l'écoute et dans la pratique. Je faisais aussi acte de prosélytisme auprès des rockers, et des autres, et je dus me faire la couenne face aux railleries de tous ordres. Depuis c'est devenu mon lot. Déjà à l'époque parler du Jazz était has been, alors aujourd'hui...
Vers 16 ans, par l'intermédiaire d'amis, on me proposa d'animer une émission de radio quotidienne sur Radio Nevers 99.00 FM. J'animai pendant environ deux ans, de la seconde à la terminale "Dizzy, Charlie, Lester et les autres", 1h30 de direct le mercredi après-midi, retransmise en soirée le samedi. Je bûchais comme un ouf pour les premières, des pages et des pages manuscrites, lourd à l'oreille, puis je m'en détachais progressivement. Je garde quelques cassettes, une sélection des moins mauvaises. Et voici la toute première !
Vers 16 ans, par l'intermédiaire d'amis, on me proposa d'animer une émission de radio quotidienne sur Radio Nevers 99.00 FM. J'animai pendant environ deux ans, de la seconde à la terminale "Dizzy, Charlie, Lester et les autres", 1h30 de direct le mercredi après-midi, retransmise en soirée le samedi. Je bûchais comme un ouf pour les premières, des pages et des pages manuscrites, lourd à l'oreille, puis je m'en détachais progressivement. Je garde quelques cassettes, une sélection des moins mauvaises. Et voici la toute première !
L'énorme intérêt de cette émission était qu'elle me procurait un prétexte pour aller à la rencontre des musiciens pendant le Festival D'Jazz chaque année en novembre. Déjà j'étais parfois invité aux concerts, et en plus je m'y rendais avec un technicien porteur du gros magnéto à bandes, pas un Nagra mais presque, et du gros micro. Je réalisais des interviews, je diffusais des extraits de concert, parfois j'invitais des musiciens dans le studio.
En fait ce fut l'un de mes boulots préférés.
En fait ce fut l'un de mes boulots préférés.
Rencontre entre mon maître et mon fils.
Monk est mon pianiste préféré. Thelonious Monk. Lui je n'ai pas pu le voir, mais je l'ai approché, en rencontrant Johnny Griffin et Art Blakey, sax ténor et batteur, qui furent parmi les premiers à l'accompagner, témoins privilégiés d'un miracle, une révolution naissant sous leurs yeux. En rencontrant Dizzy aussi j'avais approché Monk : c'est eux deux et quelques autres (Charlie Parker, Ray Brown, Kenny Clarke), au Minton's en 1941, qui inventèrent le Be-Bop, la grande révolution harmonique et rythmique qui permet encore aujourd'hui toutes les inventions, toutes les innovations. Toute une aura de mystère l'entoure, il passait pour fou. Interdit de jouer à New-York pour une histoire d'herbe jusqu'en 1957, il fallait venir l'écouter chez lui. Il passa longtemps, aux yeux du plus grand nombre, pour un piètre pianiste. Magicien, sorcier, chaman, alchimiste déstructurant la matière, Monk, l'ours tendre, main gauche profonde, main droite baguée frappante et cristalline, batteur pianiste génial, maltraitant puis caressant le clavier, magnifiquement filmé ici, expose au monde sa démarche claudiquante et chaloupée, sa vision sereine et folle à la fois.
Johnny Griffin, donc, à lui. Sa venue est annoncée dans le cadre du festival. Je prends contact avec lui je ne sais plus comment pour une interview. Il accepte et me donne rendez-vous le mercredi à 14 heures, à l'hôtel Climat boulevard Victor Hugo. Quand j'arrive avec le technicien, il est encore à table avec ses musiciens français. Nous attendons discrètement à l'écart, mais il nous voit, se lève de table, s'avance vers nous très souriant, s'excusant d'être en retard. Il n'est pas grand, il est petit, son surnom c'est "Little Giant". Nous nous confondons en remerciements pour une si gentille attention, lui accordons le temps de terminer son repas, repoussant d'une demi-heure le rendez-vous. Je suis accompagné par Sandrine, le large sourire de Monsieur Griffin lui était peut-être plus particulièrement destiné. Quand nous revenons il est prêt, il demande à l'hôtel un endroit calme pour enregistrer. On est bien. L'interview commence, et le sujet Monk arrive très vite. J'ai gardé cette cassette, il faut que je trouve le moyen de la réécouter. Parce qu'en fait c'est lui qui pose les premières questions. Est-ce que je joue d'un instrument ? Oui du piano. Qui est mon pianiste préféré ? Pan. Le coup est parti. Il m'apprend (honte à moi je l'ignorais) qu'il a enregistré avec Monk au Five Spot en 57. Il me raconte que Monk lui fit une démonstration de style Art Tatum, qu'il était parfaitement capable de le faire, mais que cela ne l'intéressait tout simplement pas. L'interview dès lors se déroule dans un temps magique, une heure ? Deux heures ? Nous nous quittons en milieu d'après-midi dans de grandes effusions, je ressors dans la rue avec les semelles de vent, catapulté pour quelques heures au milieu des nuages... Rendez-vous est pris pour le soir, il joue dans une salle de réception de l'hôtel. A peine cent personnes, je suis devant la scène, et au bout du troisième morceau, il annonce qu'il va ajouter un morceau imprévu, pour faire plaisir à quelqu'un dans la salle, et il envoie Monk... La bouffée de chaleur qui m'attrape manque de m'étouffer. A l'entracte, il descend de la scène et doit traverser la salle pour rejoindre sa loge, il me fait signe en passant de le suivre, avec Sandrine toujours là. Nous retrouvons son intimité dans la loge, il nous commande à boire, whisky. Il me demande ce que je sais jouer, il me dit : "c'est dommage si j'avais su je n'aurai pas amené de pianiste !" Il nous raconte que sa femme est hollandaise, et qu'ils vivent en France, dans le Poitou. "My wife is dutch". Je comprends qu'elle est allemande, il me dit "Not German, Dutch !", et il dit "Poitou" avec un accent américain génial. Je lui dis que l'été suivant je fais un stage de Jazz d'une semaine dans le Lot, chez les grands-parents de Sandrine. "Oh where in the Lot ?" "Aiguillon". "Incredible, I have a concert in Aiguillon next summer !" En fait c'est lui le concert de clôture du samedi soir. La soirée neversoise se termine par quelques verres, comme dans une rêve. Quelques mois plus tard, les paris sont ouverts, va-t-il nous reconnaître, se souvenir de nous ? Concert en plein air sur la place du marché, j'arrive avec une bouteille de champagne, il la met au frais, nous l'ouvrons ensemble à la nuit tombée, après le concert, douce nuit sous les étoiles du Lot, en compagnie d'une étoile dansant parmi nous. Sandrine fît de très belles photos cette nuit là.
La musique, le Jazz, m'a appris le ternaire. Tout marche par trois, enfin tout marche mieux par trois, enfin tout devrait être trois quoi. Le rythme de la vie, son souffle, le bon pas est une danse ternaire. Rien de bon n'est dans le monde qui ne soit pas trois. C'est l'équilibre, la perfection, le mouvement. Le binaire c'est la mort. 1, 2, pan t'es mort. C'était 3.
La musique m'a aussi appris la modestie, l'humilité du soliste qui s'avance dans la lumière pour lancer son chorus, puis se retranche dans la pénombre, laissant la lumière au soliste suivant; et parallèlement, la solidarité, la fraternité, la communion du groupe qui porte et suit et soutient et sert le soliste pendant son solo, sur un plateau.
Elle m'a enfin appris l'importance d'avoir des maîtres, d'avoir une admiration sans borne pour des êtres-magiciens qui ont fixé des horizons de beautés indépassables, à peine atteignables, et dont on sent que l'ascendant bienveillant ascendera toute notre vie. Des maîtres pour nous apprendre à nous passer de maître.
La musique m'a aussi appris la modestie, l'humilité du soliste qui s'avance dans la lumière pour lancer son chorus, puis se retranche dans la pénombre, laissant la lumière au soliste suivant; et parallèlement, la solidarité, la fraternité, la communion du groupe qui porte et suit et soutient et sert le soliste pendant son solo, sur un plateau.
Elle m'a enfin appris l'importance d'avoir des maîtres, d'avoir une admiration sans borne pour des êtres-magiciens qui ont fixé des horizons de beautés indépassables, à peine atteignables, et dont on sent que l'ascendant bienveillant ascendera toute notre vie. Des maîtres pour nous apprendre à nous passer de maître.
J'aime pas le rock (clin d'oeil à Jean Yanne), ni la plupart des musiques binaires. Je n'aime pas les tralalas de Chopin. Debussy ! Satie ! Ravel ! Bartok ! Rachmaninov !
Mars 2016. Le trio a bien failli voler en éclat. Il y a trois semaines, Jean-Luc le contrebassiste me textote qu'il ne pourra pas répéter le lundi soir, gastro. En fait sa femme appelle le SAMU, il a fait un infarctus... Pris juste à temps, il sort de l'hôpital 5 jours plus tard, sten posé, coeur sauvé. Nous répétons deux semaines plus tard, et au retour, Loïc le batteur se crashe en moto. Il a vu la lumière, le flash blanc, mais se réveille sur le bitume, menton râpé, dent cassée, côtes cassées, poignet cassé, moto morte. Ils ont eu de la chance tous les deux, chacun à leur manière. Et moi aussi, à la mienne, notre beau trio a bien failli se retrouver à l'eau...
Grâce à Fréquence Jazz, je découvre le nom de la musique que j'aime aujourd'hui : Soul Jazz. Et même Soul Bossa Jazz. Morceau type, après "Blue Bossa" bien sûr : "Sunny", versions de Ayo, Les McCann...
Je continue de découvrir de nouveaux musiciens d'hier et d'aujourd'hui : Terry Callier, Bill Withers, Gil Scott-Heron, Alfredo Rodriguez, Les McCann, Ramsay Lewis...
Grâce à Fréquence Jazz, je découvre le nom de la musique que j'aime aujourd'hui : Soul Jazz. Et même Soul Bossa Jazz. Morceau type, après "Blue Bossa" bien sûr : "Sunny", versions de Ayo, Les McCann...
Je continue de découvrir de nouveaux musiciens d'hier et d'aujourd'hui : Terry Callier, Bill Withers, Gil Scott-Heron, Alfredo Rodriguez, Les McCann, Ramsay Lewis...
Sous le regard de Papa
Novembre 2018, rencontre sur recommandation. Monsieur Christian Sauvage, maestro-ès-piano. Illico nous devenons amis. Je me rends chez lui, première fois. S'en suivent quelques autres, dans son antre de Puisaye et à la maison.
Janvier 2019, Christian viens à Nevers, j'organise sa rencontre avec et chez Sergio Dias, première fois.
Quelques conseils prodigués par Mister Wild à la maison sur mon Gaveau.
Ou de nouveau sur son Steinway en Puisaye.
Tous droits réservés. Enfin j'espère.